Ce verbe, répété à tout-va, et principalement en ces temps de stratégies brandies contre le coronavirus, ne trouve pas son chemin de façon fluide au travers de mon conduit auditif.
PRIORISER. Voilà qui sonne étrangement proche de l’usage abusif que nous faisons en français : « en termes de… ».
Ce dernier est la traduction triste de l’anglais « in terms of ».
Il en va de même pour le verbe « to prioritise », tristement traduit par « prioriser ».
Comme d’autres verbe à consonance anglophone, il véhicule l’illusion id’une efficacité plus grande. Ce raisonnement se base sur le schéma suivant : « les américains, le management, ils connaissent… ».
Après quelques recherches voici ce qu’en dit l‘académie française :
« Le verbe prioriser est un barbarisme qui commence, malheureusement, à s’entendre et à se lire ici ou là. Il s’agit d’une forme peu précise qu’il convient de proscrire. On dira donc plutôt accorder la priorité à, établir des priorités, etc. Cette remarque vaut aussi, bien sûr, pour un autre barbarisme, prioritiser. » (source : http://www.academie-francaise.fr/prioriser)
Je ne saisirai pas cette occasion pour rappeler que derrière cette utilisation facile se cache nécessairement un schéma de pensée, en l’occurrence, celui d’une hyper optimisation des processus, d’une technicisation des domaines relationnels….
sphères au sein desquelles la définition forcenée de priorités concourt parfois à la frustration grandissante des personnes, et de manière inattendue, à une sous-optimisation des résultats finaux, financiers et non financiers.
Le rouleau compresseur de la pensée dominante continue son oeuvre de désolation.
Précisément, au moment où je tape ces lignes, j’entends sur France Inter une représentante du gouvernement me rappeler à quel point cela « boost » de se sentir « challengé ».
Rouleau compresseur, vous dis-je….
Franck
Class in Common : ENGLISH SOLUTIONS
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